Personne : Gertrude Boon

Performance Rôle Troupe Date
Les Ecriteaux des fêtes parisiennes (1711-02-03) acteur 1711-02-03

  • famille
    Frères : Cornélis Boon et un autre Boon, danseurs de corde.
    AS
  • Campardon
    Les Spectacles de la foire, 1877, p. 164 - 165 : "BOON (GERTRUDE), dite la Belle Tourneuse, sœur du précédent, faisait partie, dès 1711, de la grande troupe des danseurs de corde du jeu de paume d'Orléans dirigée par Alard, et joua sur ce théâtre le rôle de l'Amour saltimbanque dans les Fêtes parisiennes, pièce anonyme en quatre actes et par écriteaux. L'année suivante elle passa dans le jeu de la dame Baron et se retira, du théâtre à la fin de la foire Saint-Laurent de 1712, après avoir épousé un homme riche nommé Jean Gervais. Ce mariage fut malheureux, […] et dès 1715 Gervais cherchait à le faire annuler par le parlement de Paris. Il est fait mention de la Belle Tourneuse dans l'Histoire de la danse de Bonnet, Paris, d'Houry, 1723, p. 170, 172. Voici le passage: « La danseuse qu'on appeloit la Belle Tourneuse a fait trop de bruit sur le théâtre des danseurs de corde pour n'en pas faire mention, je crois même qu'à moins de l'avoir vue on aura peine à croire ce que je vais rapporter. Elle paroissoit d'abord sur le théâtre d'un air imposant et y dansoit seule une sarabande avec tant de grâce qu'elle charmoit tous les spectateurs, ensuite elle demandoit des épées de longueur aux cavaliers qui vouloient bien lui en présenter pour faire sa seconde représentation. Ce qu'il y a de surprenant, c'est qu'elle s'en piquoit trois dans chaque coin de l'œil qui se tenoient aussi droites que si elles avoient été piquées dans un poteau. Elle prenoit son mouvement de la cadence des violons, qui jouoient un air qui sembloit exciter les vents, et tournoit d'une vitesse si surprenante pendant un quart d'heure / que tous ceux qui la regardoient attentivement en demeuroient étourdis, ainsi qu'il m'est arrivé. Ensuite elle s'arrêtoit tout court et retiroit ses épées nues l'une après l'autre du coin de ses yeux avec autant de tranquillité que si elle les eût retirées du fourreau. Néanmoins, quand elle me rendit la mienne, dont la garde étoit fort pesante, je remarquai que la pointe étoit un peu ensanglantée. Cela n'empêcha pas qu'elle dansât encore d'autres danses, tenant deux épées nues dans ses mains, dont elle mettoit les pointes tantôt sur sa gorge et tantôt sur ses narines sans se blesser.» [AS] Dans une note adressée à propos de ce passage aux auteurs du Dictionnaire des Théâtres, Gueullette prétend que Bonnet exagère et que la Belle Tourneuse ne fichait pas les épées dans ses yeux, mais qu'elle les appuyait seulement au coin de l'œil et les soutenait avec ses mains en dansant, comme font toutes les autres tourneuses. (Mémoires sur les Spectacles de la Foire, I, 139. - - Dictionnaire des Théâtres, I, 467; II, 564; VI, 408.)"
    AS
  • Parfaict
    Mémoires pour servir à l'histoire des spectacles de la foire (1743) tome I, pp. 139 - 142 : [1712 FOIRE DE S. GERMAIN] "GERTRUDE BOON (prononcez Baune) qu'on appelloit dans le monde la belle Tourneuse, parut avec un succès étonnant sur le Théatre de la Dame Baron. Tout aidoit aux louanges qu'elle s'attiroit des Spectateurs ; elle étoit jeune, belle, avoit des graces toutes particulieres en faisant ses exercises, & au pardessus elle étoit d'une grande sagesse. Tant de qualités réunies dans la personne de la Demoiselle de Boon, la rendirent l'objet des vœux d'un grand nombre de soupirans. Le Sieur Gervais, qui avoit fait une fortune très-considérable au Jeu, parut le plus empressé ; & pour prouver à cette vertueuse / fille qu'il lui rendoit la justice qu'elle méritoit, il ajoûta à l'offre de son cœur, celle de sa main & de sa fortune. La proposition fut acceptée, mais avec toute la bienséance d'une personne qui se rend plûtôt aux sentimens qu'on a pour elle, qu'aux appas d'une brillante fortune. Le Sieur Gervais, impatient de se rendre heureux par la possession de la Demoiselle de Boon, n'attendit pas que la Foire fût finie, pour l'épouser. Ainsi, ce ne fut qu'après celle de Saint Laurent 1712 que la Demoiselle de Boon, devenuë Madame Gervais, renonça au Théatre. Ce mariage, qui sembloit promettre au Sieur & à la Dame Gervais un bonheur des plus complets, devint à l'un & à l'autre une chaîne pesante : à l'amour le plus violent de la part du mari, succéda la plus / grande froideur ; le repentir suivit de près ce réfroidissement : & enfin le sieur Gervais plaida pour faire rendre son mariage nul ; l'affaire fut portée au Parlement ; le sieur le Févre, qui travailloit alors au Mercure, rendit compte au public du jugement de ce procès, & ce sont ses propres termes que je vais employer. " Le 24 de ce mois (Mars 1715.) M. le Chancelier vint prendre séance au Parlement de Paris, & le même jour fut jugé le procès de Heni Gervais, Joueur très-renommé, appellant comme d'abus de son mariage avec Gertrude Boon, fameuse & sage Tourneuse ; & par l'Arrêt en l'Audience de la Grande Chambre tenuë par Mr Voisin, Chancelier de France, contre les conclusions de Mr. de La- / moignon, Avocat Général, la Cour a déclaré qu'il n'y avoit abus."
    AS