Sujet
Pierre de L'Estoile
Objet
Dans son journal pour juin 1601, Pierre de L'Estoile écrit qu'‘En ce même mois, se faisait voir, en la basse cour du Palais, à Paris, un Italien, nommé Hieronimo di Bolonia, qui par quelques pierres, herbes et onguents de vertu singulière, apaisait les douleurs des dents, de migraine et maux de tête, ayant, en outre, une certaine huile qui guérissait, du jour au lendemain, plusieurs plaies, ainsi qu’il fit voir, par expérience, premièrement sur sa personne : car, s’étant donné un coup d’épée dans le corps et s’étant frotté de cette huile, il se montra, le lendemain, aussi sain et entier qu’auparavant le coup, sans qu’il eût cicatrice aucune ni apparence de blessure. Et, pour assurer qu’il n’y avait en cela ni magie, ni charlatanerie, il dit tout haut peuple, qui y était en grande foule, que s’il y avait quelqu’un parmi eux qui voulût endurer un coup d’épée semblable au sien, qu’il le guérirait, sur sa vie, dès le lendemain, et lui donnerait six écus. Un grand laquais bourguignon, désireux de gagner ce prix, s’offrit volontairement à cette peine. Cet Italien, lui ayant fait dépouiller son pourpoint, lui passa son épée au travers du cuir des côtes, et après l’avoir fait bien saigner, le frotta de son huile, et, le lendemain, le montra sur son théâtre au peuple, sans qu’il y parût rien. Outre cela, il arracha fort subitement des dents, à beaucoup sans grande douleur : ce qui le mit en tel crédit qu’il y avait très grande presse à qui aurait de ses pierre et huiles, lesquelles il donnait à assez vil prix, vu le soulagement que chacun en recevait et la vertu éprouvé d’icelles. Le prix des pierres n’était que de six blancs pièce, dix et quinze sols les boîtes et fioles de se onguents. Et ce, néanmoins, amassa une très grande quantité de deniers. Il se brûlait avec des torches ardentes, et en brûlait semblablement d’autres, qu’il guérissait dans deux ou trois jours, tout ainsi que si on n’y eût point touché; il se lavait les mains et la face de plomb fondu, sans aucun danger ni dommage; il allégait aussi la douleur des gouttes et de plusieurs autres maladies, au grand étonnement des médecins et chirurgiens de Paris, qui ne pouvaient comprendre son secret, encore moins l’apprendre de lui. Enfin, ils le firent chasser de la basse cour du Palais et retirer en sa maison, derrière l’Hôtel de Bourgogne, où grande quantité de malades, de tout sexe, âge, condition et qualité, l’allaient trouver, pour recevoir allègement des maux qui les tourmentaient. Messierus de La Thuillerie et de Plom, tous deux de mes amis, l’allèrent voir, par curiosité, et achetèrent, pour vingt-cinq sols chacun, de ses pierres, onguents et huiles. Les propriétés en étaient remarquées en deux feuilles de papier, qu’il donnait imprimées. Beaucoup de médecins, même chirurgiens et apothicaires, en achetaient, par personnes intéressées. Or, encore qu’on lui eût fait défense de se plus montrer, en la basse cour du Palais, si est-ce que, par tolérance ou autrement, il y revint encore. Vrai est que ce fut à l’endroit de la Chambre des Comptes, où il y accourait autant de monde que devant.’Journal de L’Estoile pour le rène de Henri IV, t. 2: 1601-1609, éd. André Martin (Paris: Gallimard, 1958), p. 30-31.
Utilisateur
HR
Sujet
Théâtre dans la cour du Palais
Objet
Deuxième mari de Clarissa Vitriaria, qui maria ensuite Christophe Contugi, dit l'Orviétan. Elle donna à Contugi le secret de l'orviétan d'Hieronymo Ferranti.
Dans sa Satire contre les charlatans, Paris, 1610, Sonnet de Courval s'en prend à 'un insigne et effronté charlatan qui s'appeloit il signore Hieronymo, lequel avoit fait eriger un theatre en la court du Palais, sur lequel estant monté en bonne conche et superbe équipage, la grosse chaîne au col, il desployoit les maistresses voilles de son col, et descochoit les mieux empennées flèches qu'il eust en la trousse des artifices pour louanger et eslever par mille mensonges, vanteries et vaines ostentations, les vertus occultes et admirables proprietez de ses unguents, baumes, huiles, extractions, quintessences, distillations, calcinations et autres fantasques confections.
Et à fin qu'il ne manquast rien à sa charlatanerie et qu'elle fust omnibus partibus et numeris absoluta il avoit quatre excellens joueurs de violon qui avoient seance aux quatre coings de son theatre, lesquels faisoient merveilles, assistez d'un insigne bouffon ou plaisant de l'hostel de Bourgongne nommé Galinette la Galina, qui de sa part faisoit mille singeries, tours de souplesse et bouffonneries, pour attirer et amuser le peuple, lequel s'approchoit comme à la foulle de son theatre, tant pour repaistre ses yeux en la contmplation du bouffon que pour contenter ses oreilles en la douce harmonie et harmonieuse douceur des instrumens, sans qu'aucun autre dessein les y eust portez.' Cité dans Œuvres complètes de Tabarin, éd. Gustave Aventin, Paris, Jannet, 1858, 2 tomes, t. 2, p. 213.
Utilisateur
HR