Personne : La Caille/Lacaille

  • Début de Mlle la Caille (Décembre 1788)
    Affiches ou Journal et avis divers de la Basse-Normandie, 1788, 7 Décembre, N° 49:
    [Théâtre de Caen] "Jeudi dernier la Dlle la Caille, âgée de 16 ans, & qui n'avoit paru sur aucun Théâtre, a débuté sur celui de cette ville par le rôle de Clémentine dans le Magnifique. Le nom qu'elle porte, son âge, une figure jolie, extrémement intéressante & pleine d'expression, ont fait naître dans les esprits une prévention bien avantageuse pour cette jeune Actrice, & qui s'est manifestée dès qu'elle a paru. La Dlle la Caille l'a bien justifiée par les talens qu'elle a développés dans le cours de la piéce. Sa voix est douce, mélodieuse, & d'un genre précieux; son chant agréable & facile annonce une grande connoissance & habitude de la Musique. Son jeu, sans être formé, est ainsi que son dialogue, simple, naturel & vrai. Nous nous permettrons cependant de lui observer que dans le dernier ses expressions sont souvent trop serrées. Au reste, il est impossible de rendre mieux qu'elle ne la rendue, la Scène de la Rose. La Débutante a enlevé tous les suffrages pendant cette Scène délicate & difficile, sur-tout par ce ton délicieux de décence qu'elle a mis dans son rôle & qui est devenue si rare au Théâtre."
    AS
  • Affiches, annonces et avis divers ou Journal de la Basse-Normandie (Janvier 1789)
    Affiches, annonces et avis divers ou Journal de la Basse-Normandie 1789, N° 1 (4 Janvier) :
    "La Dlle la Caille a fini ses débuts le vendredi 26 Décembre, par le rôle de Zémire dans la piéce de Zémire & Azor. Elle avoit joué successivement ceux de Léonore dans l'Amant Jaloux, de Clémentine dans le Magnifique, de Colombine dans le Tableau Parlant, d'Helène dans l'Amoureux de quinze ans, & d'Arsène dans la Comédie féerie qui porte ce nom.
    Dans tous ces différents rôles, cette jeune Actrice a montré des talens bien rares, & nous osons le dire, trop au-dessus de son âge pour ne pas paroître étonnans. Elle a rendu particuliérement ceux d'Hélène & d'Arséne d'une maniére qui a passé les espérances qu'on en avoit conçues, quelqu'avantageuses qu'elles fussent pour elle. Depuis l'ouverture jusqu'à la clôture de ses débuts, elle a fait des progrès rapides. Dans ce court intervalle son chant & son dialogue ont acquis plus d'aisance & de vérité. Son jeu est senti & plein de finesse, mais sur-tout celui de sa phisionomie si douce & si intéressante, s'est développé & est devenu de l'expression la plus animée & la plus heureuse. Dans quelques situations où elle s'est abandonnée à elle-même, elle a décelé beaucoup de sensibilité d'ame. Elle a la transition du chant douce, facile & agréable. Enfin elle a joui d'un succès prodigieux & mérité. Tout juste qu'est notre éloge, nous ne disons pas que la Dlle la Caille ne laisse encore apercevoir quelques incorrections théâtrales, attachées à son âge, mais ils sont si peu sensibles et si faciles à faire disparoître, qu'il y auroit une sorte d'injustice à lui en faire un reproche. Ce sont de legers nuages qui accompagnent la plus belle aurore & se dissipent d'eux-mêmes. Comme Cantatrice & comme Actrice elle est faite pour arriver à la plus grande perfection, elle y touche, mais elle n'y est pas encore parvenue. Un travail assidu & bien dirigé, une juste défiance des éloges outrés, écueil trop ordinaire des talens dans son sexe, enfin, l'amour & le zèle de son art, rendront la Dlle la Caille digne de briller sur la Scène de la Capitale & d'y jouir d'un succès peut-être unique jusqu'alors. On apprendra sans doute avec plaisir que cette jeune Actrice reste attachée au spectacle actuel."
    AS
  • représentation au bénéfice de Mlle la Caille (16 Mars 1789)
    Affiches, annonces et avis divers ou Journal de la Basse-Normandie, 15 Mars 1789, N° 11 :
    [Théâtre de Caen] "Lundi 16 Mars, abonnement généralement suspendu, au bénéfice de Mlle la Caille, une premiére représentation du Voleur converti, ou les Remords heureux du paysan de Campigny, comédie historique […]; suivie des Savoyards, opéra nouveau en un acte, musique de M. d'Aleirac, orné de tout son spectacle. Ces deux piéces seront précédées de l'Epreuve Villageoise."
    AS
  • Mlle la Caille dans 'Les deux petits savoyards'
    Affiches, annonces et avis divers ou Journal de la Basse-Normandie, le dimanche 22 Mars 1789, N° 12 (Supplément) :
    [Théâtre de Caen] "Lundi dernier la premiére représentation du Voleur converti & des deux Savoyards, a eu lieu comme elle avoit été annoncée. […] Les deux Savoyards ont été applaudis jusqu'à l'enthousiasme; cette piéce le mérite par elle-même; mais aussi comme elle a été jouée! La Dlle la Caille, a rempli le rôle de Joseph, avec une gaîté, un naturel & une vérité qui ne se trouve pas toujours dans l'actrice la plus consommée dans l'art du Théâtre. Elle a d'autant plus de mérite qu'elle a créé ce rôle, qui ne peut être mieux senti, ni mieux développé qu'il ne la été par elle, quiconque la vue jouer ne trouvera pas nos éloges outrés."
    AS
  • Paul de Longuemare
    Longuemare, Paul de, Le Théâtre à Caen : 1628 – 1830, Paris, Picard, 1895, pp. 72 – 73 :
    [1788] "Cette année, débutait une jeune actrice qui eut son heure de célébrité, au moins sur la scène caennaise. Douée d'une voix charmante et d'une jolie figure, bonne musicienne, jouant avec simplicité et naturel, idolâtrée du public, Mademoiselle La Caille, âgée de seize ans à peine, tenait avec talent le rôle de Clémentine dans le Magnifique tandis que le rôle même du Magnifique était réservé à Cressent que nous avons vu diriger avec succès le théâtre de Caen, douze ans auparavant. Mademoiselle La Caille parut successivement dans […] Le droit du Seigneur et L'Amoureux de quinze ans de Martini; Les pêcheurs de Gossec; les opéras de Grétry : Richard Cœur de Lion, Le Tableau parlant, Zémire et Azor, L'Amant jaloux, La caravane, L'épreuve villageoise; La Belle Arsène de Monsigny, enfin, Azémia ou Les Sauvages, Renaud d'Ast et Les petits savoyards de Daleyrac. Toutes ces pièces furent pour la jeune actrice une série de succès."
    AS