Personne : Louise-Adélaïde Berton de Maisonneuve

D'une troupe

Role Troupe De à
acteur
Comédie-Française 1763-05-03 1783

Performance Rôle Troupe Date
Zénéïde (1763-05-03) acteur 1763-05-03
La Gouvernante (1763-05-03) acteur 1763-05-03
La Jeune indienne (1783-04-23) acteur Comédie-Française 1783-04-23
Eugénie (1767-01-29) acteur Comédie-Française 1767-01-29
Les Deux amis (1770-01-13) acteur 1770-01-13
Le Philosophe sans le savoir (1765-12-02) acteur 1765-12-02
Le Tuteur dupé (1765-09-30) acteur 1765-09-30
L’Orpheline léguée (1765-11-06) acteur 1765-11-06
L’Orpheline léguée (1765-11-05) acteur Comédie-Française 1765-11-05

  • De brillants débuts
    « Ces jours-ci a débuté aux Français de la façon la plus brillante une jeune fille de quinze ans et demi, qui se fait appeler Mlle Doligni. Son emploi sera les rôles de première amoureuse dans le comique, que jouait Mlle Gaussin, qui s'est retirée cette année. Il faut que cette jeune enfant ait bien du talent pour avoir fait déjà dire à tout Paris, après trois ou quatre rôles qu'elle a joués seulement, qu'elle irait plus loin que cette inimitable actrice, que nous regrettons encore. Je l'ai vue, et en effet elle promet beaucoup ; elle a un talent supérieur, mais il faut qu'elle travaille, le cultive et l'étende. Sans être jolie, elle a une physionomie intéressante ; sa voix est nette sans être forte ; elle a une belle prononciation, pas un ton faux, pas un geste faux, des grâces même. Elle est très bien faite, elle a de la naïveté et de la chaleur ; il ne s'agit plus que d'avoir plus d'ensemble, et c'est ce que l'habitude seule du théâtre peut donner. En un mot, il m'a paru qu'elle avait tous les dons que l'on ne peut tenir que de la nature, et qu'il ne lui manquait que les agréments et les perfections que l'art et l'expérience peuvent et doivent faire acquérir bien vite, pour peu qu'on étudie son métier. Je n'ai point vu de début aussi brillant depuis que je vais au théâtre, excepté celui d'Armand.» (" Journal et Mémoires " de Charles Collé, mai 1763, t. II, p. 303-304). [ML.]
  • La décence et l'ingénuité
    « Cette actrice, qui débuta fort jeune, en 1763, par le rôle d'Angélique dans "La Gouvernante", plut si fort au public qu'elle fut reçue l'année d'après, sans que sa vertu ait été obligée de payer à messieurs les gentilshommes de la Chambre aucun des droits d'usage. Cette vertu s'est conservée pure, dit-on, au milieu de toutes les séductions de la jeunesse et du théâtre. Le seul homme qu'on a pu soupçonner d'en avoir été aimé passe depuis longtemps pour être marié secrètement avec elle : c'est l'honnête et sensible M. Du Doyer, auteur du "Vindicatif" et de "l'Antipathie pour l'amour". Mlle d'Oligny, élevée sous les yeux de Mlle Gaussin, dont sa mère était la femme de chambre, est toujours restée fort au-dessous de ses modèles. Mais son talent, sans être très distingué, avait une physionomie qui lui était propre. Elle n'a jamais été fort jolie, mais elle a eu longtemps, sur la scène du moins, l'air aimable, intéressant et doux. Sans élégance, sans coquetterie, sans maintien, on lui trouvait cependant une sorte de grâce, celle de la décence et de l'ingénuité. Le son de sa voix n'était pas toujours assez pur ; elle ne paraissait pas même l'avoir cultivée avec beaucoup de soin, mais les accents de cette voix allaient souvent au cœur. Elle avait des inflexions d'un naturel charmant, d'une sensibilité pénétrante. Les rôles qui respiraient une âme jeune, nouvelle et passionnée, tels que ceux d'Angélique, de Zénéide, de Victorine, dans "le Philosophe sans le savoir", semblaient avoir été créés pour elle ; celui de Victorine surtout ; on eût dit qu'elle le jouait d'instinct : elle lui donnait un caractère de finesse et d'originalité très piquant, peut-être même inimitable. Elle manquait de force et de noblesse pour les rôles qu'on appelle de première amoureuse ; elle avait bien moins encore le talent qu'exigent ceux de jeune princesse dans la tragédie, et sa figure n'était plus assez jeune pour l'emploi auquel ses succès l'avaient particulièrement attachée.» (Correspondance littéraire, décembre 1783, t. XIII, p. 418-419). [ML.]
  • Faux-pas d'une débutante
    « Mlle de Maisonneuve, petite-fille de la femme de chambre de Mlle Gaussin, celle dont on a déjà parlé et dont l'abbé Voisenon a décelé les talents, vient de débuter. Elle a de la naïveté, de l'intelligence, et promet beaucoup ; elle a été très bien accueillie aujourd'hui. Elle a joué dans La Gouvernante et dans Zénéide. Dans la première pièce, comme elle est tête-à-tête avec son amant, on vient l'avertir de se retirer ; en fuyant, elle est tombée dans la coulisse et a laissé voir son derrière. Madame Bellecour, dite Gogo, soubrette, est venue très modestement lui remettre ses jupes. Le tout s'est passé au contentement du public, qui a fort fêté le cul de l'actrice et la modeste Gogo. La jeune personne n'a point été déconcertée, elle est rentrée peu après sur le théâtre.» (Mémoires secrets, 3 mai 1763, t. I, p. 213). [ML.]
  • Sa retraite anticipée (à 35 ans !)
    « Mlle Doligny était fort aimée du public, quoique son talent fût borné et son jeu un peu monotone. Mais elle avait dans la voix des accents de sensibilité, et sur son visage un air ingénu et modeste, qui la rendaient très propre à certains rôles, par exemple à ceux des comédies de La Chaussée. Elle s'était rendue intéressante d'une autre manière, par la régularité de sa conduite. On lui savait gré d'être sage, quoiqu'elle ne fût pas jolie. On la croit depuis fort longtemps mariée avec M. Dudoyer qui lui est fort attaché, et qui a donné au théâtre quelques pièces mauvaises ou médiocres. Elle s'est retirée assez riche, et sa fortune est venue non seulement de ses épargnes et de l'économie modeste qui contrastaient avec le luxe de ses compagnes, mais encore des présents considérables qu'elle recevait journellement des femmes de la cour qui, pour récompenser sa sagesse, lui donnaient des habits pour tous ses rôles, et la dispensaient par là d'une très grande dépense.» (La Harpe, Correspondance littéraire, Paris, Migneret, an IX, 1801, t. IV, p. 151-152). [ML.]