Sujet
BEAUCHAMPS (1735)
Objet
Vol. 1, pp. 248-250 : "Bigres.
Voici comme il s'exprime dans l'avis au lecteur [dans Adolphe], après avoir beaucoup loué sa piece.
« C'est une étrange sujettion à de purs ouvrages d'esprit de passer par le jugement des sens, & de dépendre de la disposition non-seulement des acteurs qui ne peuvent pas être toujours également assortis à leurs personnages ; mais aussi des spectateurs, dont la plûpart n'ont pas la vûe assez nette pour découvrir la netteté d'une piece à travers mille accidens dont elle ne peut répondre. il ne faut que le caprice d'un acteur, qu'un habit bizarre, qu'un geste meséant, qu'un accent désagréable, pour faire tourner le plus sérieux en risible ; il ne faut qu'un mot mal prononcé, & interpreté de travers, pour faire appliquer son mauvais sens à tout le reste de l'ouvrage, & faire passer des manquemens de l'action, ou de l'auditoire pour des fautes de l'auteur, & donner d'abord une impression que l'on prend à la legere pour la garder obstinément, parce que l'obstination est le châtiment ordinaire des jugemens inconsiderés. Ensuite il se plaint de l'injustice & de l'ignorance de ses critiques, dont quelques-uns ont crû qu'il leur parloit un langage bien éloigné du François ; & le terme de bigame, tout vulgaire qu'il est, leur aiant passé pour arabe, leur a fait prendre la qualité du personnage pour son nom propre. Enfin, dit-il, je n'offre mon ouvrage qu'à l'indifférence du public, de peur qu'il ne semble implorer le nom d'un particulier ; il n'a pas besoin de faveur, s'il peut en paroître digne ; ce n'est pas que je manque de repect pour ceux à qui je le dois : la premiere puissance qui preside à cet état, a reçu l'hommage du premier essai de ma plume ; aussi lui devois-je ce tribut, puisqu'il porte le caractere de celui dont elle porte l'image. » On ne sçait ce que c'est que cet essai, qui ne peut-être le Fils malheureux, dont on ignore la date."
Utilisateur
SAF