Personne : Jean Creci

D'une troupe

Role Troupe De à
chef de troupe
Creci Inconnue Inconnue

  • Toulouse, 1754
    Opérateur italien, comédie : Le 24e de ce mois, parut en cette ville un opérateur italien nommé Jean CRECI, dans une pompe et un appareil qui étonnèrent tout le monde. Il étoit précédé dans ses sorties publiques d’un trompete à cheval et d’un more timbalier portant ses livrées, et de dix à douse autres, ses domestiques, tous à cheval, au milieu desquels paroissoit notre héros, monté à l’avantage, vêtu à la houzarde, couvert d’or, d’argent et de pierreries, pour plus de cinquante mille livres. Il fit dresser un théâtre à la place du Salin, où il se faisoit porter dans son carrosse ainsy que ses acteurs à diverses reprises, accompagné d’une quantité de domestiques couverts de ses livrées qui étoint telles qu’elles surpassoint de beaucoup les plus magnifiques des plus grands seigneurs, de sorte qu’on n’a jamais veu dans cette ville d’opérateur plus riche. Il s’est donné pour si sçavant dans la composition de ses remèdes et dans toutes les parties qui appartiennent à la médecine, soit pour la chimie et les opérations de la main, qu’on l’a tenu pour un homme universel, et qu’une grande partie de malades de Toulouse et des environs n'ont fait aucune difficulté de se confier à ses soins. Il en a guéri beaucoup par le seul aspect des urines, en quoy il a excellé, et sa maison qui n'a jamais désempli me l'a fait comparer à l'ancien Esculape de la Grèce dans la personne d’Hippocrate, ce prince de la médecine, un de ses successeurs. On a pris tant de goût pour les petites pièces qu'il donnoit au public à cause d'un Arlequin qu'il avoit dans sa troupe, que la plus grande partie de la ville, et surtout de gens de la première distinction, s'y rendoit en équipage, jusques là que la ville se trouvant sans comédiens depuis longtems, on lui a permis de représenter sur le théâtre du spectacle où l'affluence était très extraordinaire tous les soirs, et la recette consequemment très bonne […]. (B.M.T., Ms.702, pp 12-13, Barthès, "Heures perdues", 24 juin 1754)
    GdeL